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Spectres de Marx / Jacques Derrida
Titre : Spectres de Marx : l'Etat de la dette, le travail du deuil et la nouvelle Internationale Type de document : texte imprimé Auteurs : Jacques Derrida, Auteur Editeur : Paris : Galilée Année de publication : 1993 Collection : La philosophie en effet Importance : 278 p Langues : Français (fre) Catégories : Dette Tags : Communisme Dette Etat Travail Index. décimale : 01 Economie Résumé : « “Un spectre hante l’Europe – le spectre du communisme.”
Spectre fut donc le premier nom, à l’ouverture du Manifeste du parti communiste. Dès qu’on y prête attention, on ne peut plus compter les fantômes, esprits, revenants qui peuplent le texte de Marx. Mais à compter avec eux, pourquoi ne pas interroger aujourd’hui une spectropoétique que Marx aurait laissé envahir son discours ?
Spectres de Marx commence par la critique d’un nouveau dogmatisme, c’est-à-dire d’une intolérance : “Tout le monde le sait, sachez-le, le marxisme est mort. Marx aussi, n’en doutons plus.” Un “ordre du monde” tente de stabiliser une hégémonie fragile dans l’évidence d’un “acte de décès”. Le discours maniaque qui domine alors a la forme jubilatoire et obscène que Freud attribue à une phase triomphante dans le travail du deuil. (Refrain de l’incantation : “Le cadavre se décompose en lieu sûr, qu’il ne revienne plus, vive le capital, vive le marché, survive le libéralisme économique !”)
Exorcisme et conjuration. Une dénégation tente de neutraliser la nécessité spectrale, mais aussi l’avenir d’“un” “esprit” du marxisme. “Un” “esprit” : l’hypothèse de cet essai, c’est qu’il y en a plus d’un. La responsabilité finie de l’héritier est vouée au crible. Elle réaffirme un possible et non l’autre. Comment ce discernement critique se rapporte-t-il à l’exigence hypercritique – ou plutôt déconstructive – de la responsabilité ?
Distinguant entre la justice et le droit, croisant les thèmes de l’héritage et du messianisme, Spectres de Marx est surtout le gage – ou le pari intempestif – d’une prise de position : ici, maintenant, demain. Sa portée s’inscrit, en abrégé, à l’angle de quelques intersections : 1) la conspiration des forces dans une dénégation assourdissante – la “mort de Marx” ; 2) l’espace géopolitique dans lequel résonne cette clameur ; 3) une “graphique” de la spectralité (irréductible à l’ontologie – dialectique de l’absence, de la présence ou de la puissance –, elle se mesure à cette nouvelle donne, et d’abord à ce que la télé-technoscience des “médias” ou la production du “synthétique”, du “prothétique” et du “virtuel” transforme plus vite que jamais, dans la structure du vivant ou de l’événement, comme dans la chose publique, l’espace de la représentation politique de l’État) ; 4) l’articulation d’une “spectrographie” avec la chaîne d’un discours déconstructif (sur le spectre en général, la différance, la trace, l’itérabilité, etc.) mais aussi avec ce que Marx en esquisse. Et qu’il n’en esquive pas moins : “en même temps”, “à la fois”. »Spectres de Marx : l'Etat de la dette, le travail du deuil et la nouvelle Internationale [texte imprimé] / Jacques Derrida, Auteur . - Paris : Galilée, 1993 . - 278 p. - (La philosophie en effet) .
Langues : Français (fre)
Catégories : Dette Tags : Communisme Dette Etat Travail Index. décimale : 01 Economie Résumé : « “Un spectre hante l’Europe – le spectre du communisme.”
Spectre fut donc le premier nom, à l’ouverture du Manifeste du parti communiste. Dès qu’on y prête attention, on ne peut plus compter les fantômes, esprits, revenants qui peuplent le texte de Marx. Mais à compter avec eux, pourquoi ne pas interroger aujourd’hui une spectropoétique que Marx aurait laissé envahir son discours ?
Spectres de Marx commence par la critique d’un nouveau dogmatisme, c’est-à-dire d’une intolérance : “Tout le monde le sait, sachez-le, le marxisme est mort. Marx aussi, n’en doutons plus.” Un “ordre du monde” tente de stabiliser une hégémonie fragile dans l’évidence d’un “acte de décès”. Le discours maniaque qui domine alors a la forme jubilatoire et obscène que Freud attribue à une phase triomphante dans le travail du deuil. (Refrain de l’incantation : “Le cadavre se décompose en lieu sûr, qu’il ne revienne plus, vive le capital, vive le marché, survive le libéralisme économique !”)
Exorcisme et conjuration. Une dénégation tente de neutraliser la nécessité spectrale, mais aussi l’avenir d’“un” “esprit” du marxisme. “Un” “esprit” : l’hypothèse de cet essai, c’est qu’il y en a plus d’un. La responsabilité finie de l’héritier est vouée au crible. Elle réaffirme un possible et non l’autre. Comment ce discernement critique se rapporte-t-il à l’exigence hypercritique – ou plutôt déconstructive – de la responsabilité ?
Distinguant entre la justice et le droit, croisant les thèmes de l’héritage et du messianisme, Spectres de Marx est surtout le gage – ou le pari intempestif – d’une prise de position : ici, maintenant, demain. Sa portée s’inscrit, en abrégé, à l’angle de quelques intersections : 1) la conspiration des forces dans une dénégation assourdissante – la “mort de Marx” ; 2) l’espace géopolitique dans lequel résonne cette clameur ; 3) une “graphique” de la spectralité (irréductible à l’ontologie – dialectique de l’absence, de la présence ou de la puissance –, elle se mesure à cette nouvelle donne, et d’abord à ce que la télé-technoscience des “médias” ou la production du “synthétique”, du “prothétique” et du “virtuel” transforme plus vite que jamais, dans la structure du vivant ou de l’événement, comme dans la chose publique, l’espace de la représentation politique de l’État) ; 4) l’articulation d’une “spectrographie” avec la chaîne d’un discours déconstructif (sur le spectre en général, la différance, la trace, l’itérabilité, etc.) mais aussi avec ce que Marx en esquisse. Et qu’il n’en esquive pas moins : “en même temps”, “à la fois”. »